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L’essentiel
La vague de chaleur de juin 2019 est en partie liée au réchauffement climatique d’origine humaine. C’est la conclusion du groupe de recherche World Weather Attribution auquel Météo- France participe.
Fin juin 2019 une canicule exceptionnelle par son intensité si tôt dans l’année a touché la France et plusieurs de ses voisins européens, comme la Suisse, l’Autriche, l’Allemagne, l’Espagne, la République Tchèque, avec des températures historiques (lien actu http://www.meteofrance.fr/actualites/73942103-canicule-de-juin-2019-retour-sur-un-episodeexceptionnel).
Les scientifiques ont évalué le rôle du changement climatique dans la probabilité qu’un tel événement se soit produit et son impact sur son intensité. Pour cela, ils ont comparé le climat observé aujourd’hui lors de cet épisode de canicule inédit avec le climat tel qu’il aurait été sans avoir été modifié par l’activité humaine.
Dans un contexte de changement climatique, les canicules d’une telle intensité sont au moins 5 à 10 fois plus fréquentes aujourd’hui qu’il y a un siècle. Elles sont aussi plus chaudes de 1,8 à 4 °C que si elles s’étaient produites au siècle dernier. D’ici la fin du siècle, les vagues de chaleurs seront plus fréquentes, plus intenses, et se produiront sur une période élargie de mai à octobre… Cette étude a également conclu que les simulations climatiques ont pour le moment sous-estimé ces vagues de chaleur : de tels épisodes se font aujourd’hui encore plus fréquents et plus sévères que prévu par les modèles de climat.
Interview
Aurélien Ribes, chercheur Météo-France au CNRM, spécialiste de l’analyse et de la modélisation de l’atmosphère et du climat, fait partie d’une équipe de spécialistes européens qui s’est penché du lien entre la récente vague de chaleur et le changement climatique.
Quel rôle le changement climatique lié à l’activité humaine a-t-il joué dans la dernière vague de chaleur de juin 2019 ?
Toutes les analyses menées sur ce type d'événement concluent à une influence humaine significative sur leur occurrence et leur intensité. On discerne notamment une augmentation de la probabilité d'un tel événement (en raisonnant à intensité fixée) : d'un facteur ~30 selon nos propres analyses, avec de larges incertitudes (facteur 5 à ~500). Ce facteur est d’ailleurs encore plus large selon d'autres analyses.
Nous constatons également une augmentation de l'intensité de ce type d'événement (en raisonnant à probabilité d'occurrence donnée) : les conclusions du groupe international de recherche a retenu le chiffre d'environs d'environ + 4°C par rapport au siècle dernier. Notre étude conclut à un réchauffement de +1.8°C (+1°C à +2.6°C).
Comment êtes-vous parvenus à ces résultats ?
Pour faire ces calculs, on utilise des simulations climatiques qui couvrent l'ensemble de la période historique depuis 1850, soit le début de l'ère industrielle. C’est la date avant laquelle on considère qu'il n'y a pas d'influence humaine. A partir de ces simulations, on estime la probabilité d'observer en 2019 une vague de chaleur au moins aussi forte que celle effectivement observée. On fait ce calcul, alternativement, dans le monde factuel (incluant l'influence humaine) et dans le monde contrefactuel (sans perturbation humaine du climat). On compare alors les deux probabilités obtenues pour quantifier l'importance de l'influence humaine. On fait la même chose pour évaluer l'impact sur l'intensité, cette fois-ci en raisonnant à probabilité d'occurrence donnée.
Ces types d'événements sont-ils appelés à devenir plus fréquents, plus intenses ?
Oui, tout à fait. La fréquence est l'intensité de ces événements vont continuer à augmenter, au fur et à mesure que les concentrations atmosphériques en gaz à effet de serre augmentent. (Les résultats chiffrés seront bientôt disponibles depuis le rapport scientifique et la fiche synthétique de cet évènement)
Comment le sait-on ?
On répond à cette question de la même façon que la précédente, mais cette fois-ci en utilisant des projections climatiques, c'est-à-dire des simulations couvrant le futur (souvent le 21ème siècle), avec une certaine hypothèse sur l'évolution des concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre. A noter que l'influence du scénario est limitée pour les 20 prochaines années mais nettement plus sensible au-delà.
Pour en savoir plus :
Téléchargez l'étude complète du WWA (vEn) : Human contribution to record-breaking June 2019 heatwave in France