• La méthode de calcul :

La base de l’analyse et de la prévision du danger météorologique d’incendies est fondée sur la méthode canadienne de l’évaluation de l’Indice Feu Météorologique, puis adaptée aux spécificités des contextes météorologiques et feu météorologiques de la métropole.

Méthode canadienne Indice Feu Météorologique

Les conditions de propagation et d’intensité des feux de forêt étant fortement liées aux conditions météorologiques, l’Indice Feu Météorologique (IFM) caractérise ainsi la propension d’un feu de forêt à s’aggraver et se propager sous l’influence des conditions météorologiques. Il est calculé à partir de données météorologiques simples : température, humidité de l’air, vitesse du vent et cumul de précipitations. Ces données alimentent un modèle numérique qui simule l’état hydrique de la végétation et le danger météorologique quotidien d’incendie qui en découle.

Cette méthode physique de modélisation, élaborée dans les années 1970 par Van Wagner, consiste à caractériser les conditions météorologiques pouvant donner lieu à des incendies via le calcul de l’IFM. Cette méthode, présentée dans la figure 1 comporte l’évaluation de six indices :

Figure 1 : Présentation de la méthode canadienne – Calcul à 12TU.

- Trois sous-indices permettent de déterminer la teneur en eau (c’est-à-dire la quantité d’eau liquide présente dans un échantillon de matière) des couches de combustibles du sol ayant des vitesses de dessèchement différentes (Indice du Combustible Léger, Indice d’Humus, et Indice de Sécheresse).

- deux autres permettent de prévoir le comportement d’un feu potentiel via la quantification de la vitesse de propagation et de la quantité de combustible brûlable (Indice de Propagation Initiale, Indice de Combustible Disponible).

- L’indice final, l’IFM est un indicateur d’ambiance qui permet de mesurer l’intensité du feu.

Dans la formule originelle de la méthode canadienne, le calcul de l’IFM ne repose donc que sur quatre paramètres météorologiques calculés à 12 TU (humidité, température, cumul de pluie sur 24 heures, et la vitesse moyenne du vent).

• Variables FeuMeteo-2022 :

Sont mis à disposition sur le portail DRIAS au pas de temps quotidien, 5 variables permettant de décrire le danger feu. Celle-ci sont déclinées en une quinzaine d’indicateurs.

Diagnostics de sécheresse

- l'indice de sécheresse (IS) : est une estimation numérique de la teneur en eau des épaisses couches organiques compactes (profondeur 18 cm). C’est donc un indicateur de la sécheresse saisonnière sur les combustibles forestiers et montre la probabilité d'incendie impliquant les couches organiques. Une longue période de temps sec est nécessaire pour assécher les végétaux et les affecter.

L’appréciation se fera au travers du décompte des nombres de jours annuel ou saisonniers de dépassement des seuils => IS >= 400, 700 et 1000.

- le niveau de sécheresse de la végétation vivante (NSV2) : représente l’état de sécheresse de la strate arbustive, principal vecteur du feu. Lié au risque de propagation, cet indice permet d’apprécier l’état de vulnérabilité de la végétation ou encore de la « disponibilité de la végétation vis-à-vis du feu ». On distingue 5 stades.

L’évaluation du NSV2 en contexte changement climatique se fera au travers du décompte des nombres de jours annuel ou saisonniers de dépassement des seuils.

• NSV2 >= 3 : sécheresse modérée : La zone est qualifiée de vulnérable ; la vulnérabilité au feu se traduira surtout par vent fort et humidité basse.

• NSV2 >= 4 : sécheresse « forte » : Dessèchement important ; la zone est qualifiée de très vulnérable. Des feux importants sont susceptibles de se déclarer en toutes conditions, sauf par humidité élevée.

• NSV2 >= 5 : sécheresse « très forte » : Dessèchement extrême ; la zone est qualifiée d’extrêmement vulnérable. Les conditions des très grands feux sont réunies.

Diagnostics Danger Feu de Végétation Vivante

- l'indice Feu Météo (IFM) : L'indice Feu météo (IFM), développé au Canada à la fin des années 1970, permet d'estimer le danger météorologique de feux de forêts en tenant compte de la probabilité de son éclosion et de son potentiel de propagation. De nombreuses études ont montré une corrélation claire entre l'IFM moyen et le nombre de départs de feu. Cet indice est calculé à partir de données météorologiques simples : température, humidité de l'air, vitesse du vent et précipitations. Ces données alimentent un modèle numérique qui simule l'état hydrique de la végétation et le danger météorologique d'incendie qui en découle.

On privilégiera l‘utilisation de cet indice  au travers du décompte des nombres de jours de dépassements de seuils, permettant ainsi de valoriser les situations d’indices feux les plus importants. Basé sur les expériences précédentes et certaines utilisations dans les assistances opérationnelles France ou internationale, on retient les seuils IFM >= 20, 40 et 60.

- l'indice Feu Météo maximum (IFMx) : Au regard de l’extrême variabilité des conditions météorologiques au cours d’une journée la méthode canadienne de l’IFM a été adapté par Météo-France afin de pouvoir calculer ces variables aux pas de temps horaire et en déterminer le moment le plus défavorable, c’est-à-dire la valeur maximale de l’IFM de la journée.

Dans le jeu de données FeuMeteo-2022, on identifiera en particulier les dépassements des seuils IFMx ≥ 50 et IFMx ≥ 80. On évaluera également l’évolution de ce paramètre IFMx en moyenne et centile 80 sur différentes périodes et principalement durant la saison Feu Estivale.

Diagnostics Danger Feu de Végétation Morte

- l'indice d'éclosion propagation maximum (IEPx) : Cet indicateur permet d’apprécier les conditions d’éclosion d’incendie et de propagation dans les strates herbacées, sous-bois ou cultures sur pied en été lorsqu’ils sont secs et sur les végétaux morts ou en dormance l’hiver (écobuages en montagne). Par ailleurs, en cas de fort dessèchement de la végétation basse, il donne une indication sur le risque de sautes de feux et de propagations accélérées dans la strate herbacée et les végétaux morts. Calculé au maximum d’intensité de la journée, il intègre également les rafales de vent.

On regardera attentivement les décomptes de nombres de jours annuel ou saisonniers de dépassement des seuils suivants :

• IEPx >= 4 : des feux peuvent se produire et se propager si un traitement rapide n’intervient pas.

• IEPx >= 5 : les conditions sont favorables aux éclosions et aux propagations rapides. Une attention particulière doit être portée sur les développements rapides des feux.

• Synthèse des indicateurs FeuMeteo-2022 :

L’ensemble des indicateurs représentatifs de l’évolution climatique des feux de forêt et végétation sera évalué sur différentes périodes :

- au pas de temps annuel

- à l’échelle d’une saison : seront considérées les saisons calendaires météorologiques (ex : l’été météorologique est constitué des 3 mois de juin-juillet-août, ..). Toutes sauf l'hiver : déc-janv-fév.

- mais on introduit également la notion de saison Feu Estivale : du mois de mai au mois d’octobre

- et la saison Feu Hivernale : de décembre à mars.

Le tableau 1 reprend ces diagnostics associés à leurs périodes de représentation les plus adaptées.

Tableau 1 : Indicateurs Feu Météo et Végétation considérés, et périodes d’intérêt.

• Liens et références :

- Lien vers "Changement climatique et Feux de forêts sur le site de Météo-France

- Lien vers le Rapport de la mission interministérielle "Changement climatique et extension des zones sensibles aux feux de forêts"

Van Wagner, 1987 : Élaboration et structure de la méthode canadienne de l’Indice Feu Météo. Service canadien des forêts, Administration centrale, Ottawa (Ontario). Rapport technique de foresterie 35F. 34 p.